samedi 2 mai 2020

Le 1000 des Audax en 1982 (5)



Bon voyage Monsieur Du Mollet !


Merci à André de m'avoir autorisé à "puiser" dans ses archives pour pouvoir revivre cette inoubliable "expédition".

Le brevet de 1000 km Euraudax de Tournai a donc pris des allures de voyage, comme expliqué la semaine dernière.  Si chacun, avait la satisfaction  de réussir à pédaler 1000 bornes en moins de 75 h, il avait encore plus celle d'un beau voyage vers les Vosges et des souvenirs plein la tête.
On le sait, l'expédition rassemblait quarante bons amis.  Des cyclos sans doute bien différents dans le civil mais tous frères sur la route.
"Gros Mollet" et "Cuisse de mouche" se trouvaient réunis par la même ambition d'escalader le Col du Bonhomme dans un périple où comme chacun le reconnaît, il se produit une foule d’événements.


On cause :

Dans un petit peloton, on fait vite connaissance si les conversations vont bon train.  On discute avant tout mécanique, palmarès, restauration, projets cyclistes et petits bobos.
Les premières confidences meublent les étapes de nuit.  On recherche le sensationnel qui garde mieux éveillé 😔😔.


Que Jean Claude Bonhomme, avec sa barbe d'homme des cavernes annonce qu'il travaille dans les pompes funèbres et l'on tombe dans l'inédit.  Avec lui, le peloton rit aux éclats 😂😂.

Avec le temps qui court, dans le groupe circulent les informations.
On fait écho des malheurs du copain, des bons mots du voisin.
Ces informations roulent en circuit fermé faute d'apport extérieur autre que les résultats de l'équipe de France et de l'arrivée du Tour.



On s'entretient alors le moral en répertoriant les étapes déjà bouclées, en faisant le bilan du  voyage : "Quel beau brevet, monsieur Vallée".  Et dans ce 1000 vers l'est, les débutants ne sont pas peu étonnés d'apprendre que "c'était plus dur que Paris Brest Paris"

Enfin, voguant dans la même galère, les cyclos exigent des autres une parfaite correction.  Le mécontentement de sa forme, le surpris du relief, le déçu du menu ne peut s'en prendre qu'à lui-même.
Chacun convient qu'il suffit de respecter la règle de bonne autonomie qui lie les participants volontaires.  N'empêche qu'il faut parfois remettre les choses au point.


Au fond, dans le peloton, on cause de tout et de rien.  Mais rien n'interdit de s'instruire auprès de René Boulet qui sait tout sur Jeanne d'Arc et Domrémy.


ou auprès du professeur qui s'émerveille de franchir une côte qu'il qualifie de "cuesta".  Il s'agirait d'un relief marqué par un front à pente sèche et un revers à pente à peine sensible.
On franchit ainsi les côtes de Meuse et de Moselle et on frôle la Côte de Champagne.  Quand à la butte de Montfaucon, ce ne serait qu'une intéressante butte témoin de la Côte de Meuse.

On regarde :

Les pélerins qui chevauchent en rangs serrés traversent des pays où les activités varient selon les circonstances.


Ainsi, le peloton est passé en Thiérache à l'heure de la traite qui se fait volontiers dans la prairie.  Au-delà de la nuit, la tranquillité régnait dans les vastes étendues céréalières dominées par les immenses silos des plateaux du sud de Vouziers.



A Vouziers justement, les cyclos furent hébergés pour un repas aussi copieux qu'inattendu, servi dans le garage d'un sociétaire du club cyclo local. Certes on avait promis un potage, mais de là à restaurer quarante cyclos-noctambules!
Cela sent bon de loin en entrant dans le pays vosgien.  Les machines s'en donnent à coeur joie.  Celles qui expédient les bottes sur le dos des charrettes disputent l'attention au vol plané des oiseaux de proie qui glanent les rongeurs débusqués.
Ce beau temps persistant sévira au moment d'aborder les rampes les plus longues.  Le peloton se désagrège pour cause de chasse à la canette.
Dieu que les gens sont empressés à remplir le bidon et que l'eau de la fontaine est fraîche !  Le cyclo qui s'y trempa ne dut ensuite qu'à la force de son poignet t’atteindre le Col du Bonhomme. 



Au retour, le parcours fréquente la route des Mirabelles, entre Toul et Verdun.  Les cyclos n'avaient pas tous besoin d'une petite rasade pour décider de monter au front.   Mais l'artillerie céleste déversa
de telles trombes qu'elle dispersa la cavalerie légère.
On court aux k Way, on doit réparer une fuite mesquine, on cherche un abri tandis que le capitaine continue imperturbablement.
Et puis la campagne se remplit de travailleurs inattendus : les



 chasseurs d'escargots sont sortis avec la pluie.  Comme par crainte d'être confondu avec un "caracole", chacun regagne le peloton qui lui fait office de coquille.
Le ravissement du cyclo est complet quand il fréquente les routes campagnardes au lever d'un jour ensoleillé.  Les routes portent les traces des périlleux voyages des animaux nocturnes.



Un lièvre lance un défi au peloton-tortue.



Le tilleul en fleurs imprègne de son odeur des hommes qui n'ont pas bu que des tisanes à la veillée.  Une promenade de santé, ce 1000 ! 


On collectionne :


Bon nombre de cyclos ont vocation de collectionneur, on connaît des formes aiguës de "médaillite" et de "tamponite".
Mais des collections sont originales, J Claude Bonhomme recherche à chaque arrêt une carte vue du village visité.  Il en a déjà trouvé plus de 800.  Louis Delobel fait la collection des photos de son vélo au pied du panneau annonçant un col.  Il file vers la centaine avec l'idée d'adhérer au prestigieux club des Cent Cols.


Daniel Dehandtschutter collectionne les timbres-poste sur le cyclisme, mais c'est plutôt une activité hivernale.  Dommage qu'il ne collectionne pas les "pépins" avec une manivelle brisée à 15 km de Ste Menehould, à 3 h du matin, il aurait une pièce de choix. 

Le plus souvent, on recherche tout de même les tampons ou "stempel", ils ne sont pas si nombreux les Français qui ont déjà récolté la marque de leur passage aux six points retenus par département.  En Belgique, seul Lucien Degraeve peut se féliciter de cette performance.
La mode actuelle fait remplacer le cachet ou tampon par une étiquette autocollante.  C'est un peu plus douteux mais souvent joli et cela évite certains déboires venus du double sens de chacun des mots.
Plus d'un cyclo s'est vu offrir un Aspro en guise de cachet 😲😲.
Tout le monde a fait collection de bons et beaux souvenirs.  Au point qu'on se disait : "je n'avais plus l'intention de faire un 1000 mais dans ces conditions et avec les mollets qu'on attrape.........cela me tente".
A une prochaine année.

C'était en 1982.......................et maintenant ?

A bientôt, pour d'autres aventures, portez vous bien,
danicau





   






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