vendredi 15 mai 2020

La Revue U A Tiquement Vôtre 1984






A l'époque, notre local se situait au "café de la plaine" chaussée de Douai à Tournai.
Maurice Vertongen, (fondateur des Audax) exploitait un
petit magasin à côté de ce café, d'où peut-être le choix du local en ce temps là.

La forêt de Raismes, on en a déjà parlé.
Un autre "monument" du Club : Le Bois de la Houppe toujours
d'actualité (en général le samedi avant Pâques).

Mais cette année 1983 est l'année du PBP Randonneur.  

"Mon appel" 
Je n'aime ps les défis inutiles, mais je trouve intolérable les résultats des derniers P.B.P. 450 Belges sur 1500 participants en audax en 1981 mais 13 (treize) Belges sur 1350 en Randonneur en 1979 😕.  Je me propose d'animer une équipe d'Audax Tounaisien décidés à tenter la grande aventure tout en profitant des délais maxima.
Si mon vélo le veut, j'en serai .................et vous ?    André Tignon.

Ben oui, André, j'y serai 😜..................

J'ai eu la "chance" d'en faire 7 : 1983  1986 (audax)   1987   1991   1995   1999 (hors délai de 2 h) et 2003, avec le recul je regrette de ne pas en avoir fait 10 😌




Aller :
  1. Paris                                km       0
  2. Bellême                           km    161
  3.  Villaines-la-Juhel            km    232 
  4. Fougères                         km   322
  5. Tinténiac                          km    378
  6. Loudéac                           km   455
  7. Carhaix-Plouguer             km    522
  8. BREST                             km     607


Retour :

  1. Carhaix- Plouguer            km     693
  2. Loudéac                            km     760
  3. Tinténiac                           km     836
  4. Fougères                          km     852
  5. Villaines-la-Juhel              km     982
  6. Bellême                            km    1054
  7. Nogent-le-Rotrou             km     1137
  8. PARIS                              km    1215


La "fine" équipe avec de gauche à droite :

Roger Destomeleir, Willy Dewaele, Edmond Delaunoy, Daniel Cauchie, Christian Noulet, André Tignon.




Vrai coup de Maître par R Destomeleir :
Six Audax quittèrent donc Tournai, ensemble, le dimanche 26 août, en direction du Stade Mimoun de la région parisienne.
Facile sur l'autoroute, moins facile dans la traversée du Bois de Boulogne.  Mais tout s'arrange et vers les 15 h, nous sommes à même de patienter pour les formalités de pré-départ.
Là, une ambiance de départ de Tour.  Quelques 2000 cyclos se présentent  aux contrôles des vélos qui doivent être équipés de garde-boue (et oui 😕) et d'un éclairage fixe.  Après les formalités et la pose méticuleuse de la plaque de cadre, notre petite équipe se retrouve à l'hôtel puis au restaurant pour un inattendu repas italien.
Pour moi ce sera le dernier repas complet avant mon retour à Tournai au terme d'une fameuse randonnée en Bretagne.
André, Willy, Edmond, Christian et Daniel préfèrent le départ de
4 h du matin.  Moi, j'ai opté pour celui de 10 h.  Je pars ainsi avec une nuit bien faite et le temps réduit à 84 h ne devrait pas me poser de problèmes.
Evidemment, vers les 2 h du matin, je suis tout de même éveillé : la petite voix d'Edmond sonne la charge des Audax.  Mais j'insiste et me rendors.  Je ne dois être prêt que pour 8 h.
En bonne centième position sur la "ligne de départ", je sens que cela piaffe d'impatience autour de moi.  On va partir sur les chapeaux de roue et je veux en être.  Je veux voir cela.  On se croirait, dans mon groupe, partis pour une allure libre de 150 bornes.
Et c'est vite fait que nous traversons la région parisienne puis Nogent le Roi, Chateauneuf pour arriver


à Bellême, premier Contrôle au 161 ème km.
Il est 15 h, cela fait 32 de moyenne.  Comme le Contrôle n'ouvre qu'à 15 h 15 cela nous donne  15 minutes d'attente, temps nécessaire pour recharger les bidons, sinon les accus, et casser une petite croûte.  L'organisation me permet  d'aller vite car je ne dispose évidemment pas de voiture suiveuse (nécessaire pour celui ou celle qui voudrait faire un temps fort).
A la sortie de Bellême, je me demande si je tiendrai le rythme tout de même élevé pour moi.  Je n'insiste pas sur cette portion des collines du Perche, bien accidentée, qui mène à


Villaines-la-Juhel 232 ème km.
Je me retrouve donc comme abandonné quand un cyclo me rattrape et me donne  une tape dans le dos.  C'est notre guide des sorties de Lille, Maurice Coniat.  Cette rencontre me fait réellement plaisir ; je le connais, sais qu'il roule bien et loin de me fierai à son expérience.  Il en est à son 4 ème PBP et m'explique qu'il voudrait améliorer son temps de 62 h et me propose de l'accompagner.
Difficile à reconnaître mais pareil projet me convient à merveille, nous voilà associés.  Nous pointons ensemble à Villaines et nous nous accordons 15 minutes de répit.
Le temps pour moi d'avaler 3 yaourts et 2 pêches.
Le temps de remplir les bidons et direction


Fougères 322 ème km.
C'est fou ce que le temps passe vite en vacances !!!!!!!!

LA ROUTE DEVANT SOI :         

Heureusement que le moral est gonflé à bloc : les côtes se succèdent et la nuit tombe, sur notre route avant Fougères.
Cela ne nous empêche pas de quitter cette ville après un arrêt de 15 minutes pour de nouveau 3 yaourts et 2 pêches (pas le temps de mijoter autre chose) pour filer vers


Tinténiac 378 ème km.
Cette étape sera courte et facile (56 km).
C'est là que je rattrape Christian et Daniel qui se restaurent ; ils m'apprennent qu'Edmond, blessé au genou, doit stopper là sa progression, qu'André doit être un peu plus en avant, que Willy applique ses consignes càd ne pas rouler de nuit et se coucher comme le soleil.
Moi, j'ai l'intention de ne pas stopper au moins avant Brest.  Je file donc vers : 

Loudéac 455 ème km, via les vallonnements, que j'attendrai au petit jour.  Cette première nuit sur le vélo ne m'a pas posé de problèmes particuliers.
Dans l'étape qui mène à :


 Carhaix 522 ème km, j'ai du dépassé André, d'après ses calculs, mais sans le voir.  Désormais les panneaux indiquent Brest et cela fait du bien de sentir l'objectif.  L'arrêt de Carhaix me permettra de choisir sur un buffet pourtant bien garni, 3 yaourts et 2 pêches.
J'ai alors l'intime  conviction que je ne saurais pas avaler autre chose.  En fait, ce refus de choix me facilite la tâche : je tiens à rester avec Maurice qui lui ne perd pas de temps en bénéficiant d'une aide angevine.
L'étape d'avant Brest est TERRIBLE :


Le Roc'h Trevezel est le second point culminant de la partie bretonne du Massif armoricain dans les monts d'Arrée. Tout comme le Ménez Kador, il atteint 385 mètres d'altitude.

La montée vers Roc Trévezel est sensationnelle et interminable et la côte de Landerneau donne l'impression qu'on escalade un réverbère..................... 
Le triple plateau vient à point.
J'atteins Brest, 


km 610 à 11 h en un délai de 25 h, avec une moyenne voisine de 25 km/h.
Je sais que le retour sera plus laborieux, ne serait-ce qu'à cause du vent qui ne sera plus favorable et que je sais ce qui m'attend.

RETOURNER LE VÉLO :

Pas de raison de trainer à Brest et je retourne mon vélo vers la direction d'où je viens.  Moment sympathique, on croise tout le monde : André est à 15 km de Brest, Daniel et Christian à 45 km et Willy à 60 km quand on a l'occasion de se saluer rapidement.
(je me souviens encore de ses paroles en nous croisant et celles-ci en patois tournaisien "allez les tournaisiens, y deken (descend) jusqu'à Brest" petit blagueur va 😉).

C'est vers le 700 ème km que je suis rattrapé par les plus rapides du départ de 16 h.  Il me prennent donc une bonne heure par centaine de km.  Je peux donc bien reconnaître leur classe même si je me dis que moins autonome ils roulent plus légers.  Je repasse Loudéac km 760 après Carhaix km 693.
J'atteins Tinténiac km 836 quand la deuxième nuit me rattrape.  Je voudrais ne pas flancher puisque j'ai bien tenu le coup.
Je note que des contrôleurs vérifient scrupuleusement le bon fonctionnement des éclairages : j'avais fait assez d'essais et d'aménagements pour mériter un bon fonctionnement de mon système. 
Rien ne va plus de Fougères km 852 à Villaines km 982 : brouillard démoralisant, sommeil à l'envie, fatigue lancinante.
La route ne m'intéresse plus, la deuxième nuit vient à bout de ma résistance.
J'arrive pourtant à Villaines km 982, je décide d'accorder son tribut au dieu du sommeil, mais un minimum que je fixe à 3/4 h.
Cela me fait mal de laisser filer mon copain lillois mais le somme bien court me libère d'un poids énorme.  Il faut savoir que l'organisation vous propose un lit de paille et le réveil à la demande.

Je repars alors avec le soleil pour un bon et dernier 200 km.  A Nogent km 1137, 80 km avant Paris j'ai la bonne fortune de retrouver le copain Maurice, il s'est arrêté pour secourir un accidenté et reconnaît qu'un petit roupillon lui aurait également fait grand bien.  Quelques fruits et tartelettes, je me sens moins stressé, et on file sur Paris km 1215. 
Paris en pleine heure de pointe, heureusement, mais c'est formidable de l'avoir obtenu, une voiture de police nous ouvre la route pour les derniers kms.



Voilà le stade, je pointe à 19 h 05 : cela fait 57 h 05 que l'aventure a débuté.  Je m'en suis bien tiré.

QUAND C'EST FINI............

Le verre de l'amitié, la douche, repos sommaire de quelques heures et je reviens à Tournai, content comme un gosse de sa première communion.
Je me dois de faire un bilan de l'opération.  Question matériel : aucun problème, pas une crevaison.  L'éclairage, type Sanyo a fonctionné sans défaillance, mais il faudrait être capable de rouler plus vite dans les côtes pour voir plus clair.  Nourriture, on l'a dit, presque uniquement yaourts et fruits, avec du glucose et du XL1 entre les repas.  Quelques tartelettes mais pas de viande.  Encore une fois tout ceci permettait de ne pas trainer au ravitaillement.
Question moral : dur le brevet, mais loin d'être insurmontable quand on est motivé.  Je n'ai qu'un seul regret, mais il est de taille : avoir 49 ans et peu d'espoir de faire mieux dans quatre ans 😞.


                                                                         Roger Destomeleir . 
    
Voilà le récit d'un "rapide", bientôt un autre reportage d'un Audax qui a "puisé" au fond de lui-même et que j'ai accompagné un moment mais qui a terminé avec détermination et réussite.






1 commentaire: