Et c'est vrai samedi en rando, j'avais un "gilet jaune", mais surtout pour la sécurité du Randonneur,
bonne lecture et bonne récup en cette période.
Dans le monde d’aujourd’hui,
chacun ou presque, gilet jaune ou gilet doré, ne se préoccupe plus que de
lui-même ; chacun pense que tout lui est dû, que tout ce qui
est vital doit lui être fourni gratuitement, que personne ne peut le priver du
superflu et qu’il a même le droit de le considérer comme vital.
Et pourtant, même parmi les
gilets dorés, presque personne ne se reconnait comme riche ; chacun ne
voit que ce qui lui manque ; et se plaint de ne pas avoir les moyens de
vivre toutes ses envies.
De fait, aujourd’hui, presque
partout dans le monde, la plupart des biens vitaux (la nourriture,
l’habillement, l’équipement ménager, le transport collectif) sont beaucoup
moins coûteux qu’avant. Certes, certains biens vitaux (logement, la
santé, l’éducation le transport individuel) restent hors de portée des plus
démunis et supposent de la solidarité entre gilets jaunes et gilets
dorés.
De plus, des biens nouveaux
(ordinateurs, tablettes, téléphones mobiles, jeux vidéo, abonnements à des
plateformes) se sont glissés dans les besoins vitaux, parce que nul n’imagine
de s’en priver. Ce qui réduit la part du revenu disponible pour financer les
autres biens vitaux. D’où le sentiment, trompeur, que le pouvoir
d’achat de chacun est en baisse, que les impôts sont un vol et les
dépenses publiques un dû.
Or, le pouvoir d’achat
n’est pas en baisse. Il est seulement très inégalement, très injustement
réparti. Et les dépenses publiques, que finance l’impôt, ne sont pas un dû pour
les vivants d’aujourd’hui ; et elles sont aussi essentielles au bien-être
d’autres que les gilets jaunes et les gilets dorés : les générations
futures.
Or, tant que nous n’avons
pas changé de modèle de développement, le bien être d’aujourd’hui nuira à celui
de demain : Plus de consommation pille les ressources des générations
futures. Plus de justice sociale dégrade leur environnement. Et
inversement, réduire les émissions de gaz à effet de serre pour demain aggrave
les injustices d’aujourd’hui. Ainsi, augmenter les taxes sur le carbone, pour
préparer l’avenir, est inévitablement contraire aux intérêts immédiats des
vivants d’aujourd’hui.
Préparer l’avenir ne peut donc
être fait qu’au détriment de la satisfaction des désirs immédiats des
contemporains, gilets d’or et gilets jaunes confondus.
Pour dépasser cette
contradiction, il faut passer au plus vite à un modèle de développement
positif, où le bien-être d’aujourd’hui ne nuise pas à celui de demain. Et en
particulier où la réduction des injustices dans le présent ne nuise pas à
l’environnement dans le futur.
Cela suppose de réduire
massivement notre dépendance aux énergies polluantes, pétrole et charbon ;
et de diminuer au plus vite notre consommation d’autres produits considérés
aujourd’hui comme vitaux et qui seront reconnus demain comme mortels, tels la
viande de bœuf, le sucre et tant d’autres. Cela suppose aussi d’orienter la
consommation vers les biens immatériels plutôt que matériels ;
et, surtout, d’apprendre à découvrir qu’on peut avoir du plaisir à être altruiste.
Plus généralement, cela suppose
d’aider chacun (plus les gilets jaunes que les gilets dorés) à réconcilier ses
exigences d’aujourd’hui avec celles de ses enfants, à trouver plus de bonheur à
préparer l’avenir qu’à gaspiller le présent, à définir ce qu’il attend
des autres, et ce qu’il est prêt à faire pour contribuer à leur bonheur.
Cela s’appelle être positif. Et,
en soi, cela rend heureux.
j@attali.com
Quelle belle analyse très réaliste de notre époque.. Merci Daniel de nous faire partager ces belles paroles...et bonne route avec la "sagesse du Puma "( Paul Fabre )
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